Réponse de Job à Éliphaz

Job se sent trahi par ses amis

Job prit la parole et dit :

Ah ! si mon affliction |pouvait être pesée
et s’il était possible |de mettre toute ma misère |sur les plateaux d’une balance,
assurément mon malheur |est plus pesant |que le sable des mers,
c’est pourquoi mes paroles |dépassent la mesure.
Car les flèches du Tout-Puissant |sont plantées dans mon être
et mon esprit boit leur poison[a],
oui, je suis assailli |par les terreurs que Dieu m’envoie.
Un âne se met-il à braire |pendant qu’il broute l’herbe tendre ?
Un bœuf se met-il à mugir |quand il est devant son fourrage ?
Un repas fade et insipide |se mange-t-il sans sel ?
Peut-on trouver de la saveur |dans le blanc d’œuf ?
Ce qu’autrefois je refusais |est devenu ma nourriture.
C’est là mon pain, |même s’il me répugne[b].

Ah ! qui fera |aboutir ma requête !
Que Dieu m’accorde |ce que j’espère !
Que Dieu consente |à m’écraser !
Qu’il laisse aller sa main |et me détruise.
10 J’aurai du moins un réconfort,
et je tressaillirai de joie |au sein de tourments implacables,
car je n’aurai trahi |aucun des ordres du Dieu saint.

11 Pourquoi espérerais-je |quand je n’ai plus de force ?
A quoi bon vivre encore |vu la fin qui m’attend ?
12 Du roc ai-je la résistance ?
Mon corps est-il de bronze ?
13 Et puiserai-je encore en moi |des ressources pour m’en sortir ?
Toute aide m’est ôtée.

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Footnotes

  1. 6.4 Allusion à des flèches empoisonnées, utilisées fréquemment autrefois, et à une troupe d’assaillants.
  2. 6.7 Hébreu peu clair.