Néhémie obtient l’autorisation d’aller à Jérusalem

Durant le mois de Nisân, la vingtième année[a] du règne de l’empereur Artaxerxès, je pris du vin qui était devant l’empereur pour lui en servir. Jamais auparavant, je n’avais paru triste en sa présence. Alors l’empereur me demanda : Pourquoi as-tu mauvaise mine ? Tu ne me sembles pourtant pas malade ; ce ne peut être qu’un chagrin de cœur !

Je fus saisi d’une grande crainte, mais je lui dis : Que l’empereur vive toujours ! Comment n’aurais-je pas un air triste alors que la ville où sont enterrés mes ancêtres est en ruine et que ses portes ont été détruites par le feu[b] ?

Alors l’empereur me demanda : Que veux-tu donc ?

J’adressai une prière au Dieu du ciel, et je répondis à l’empereur : Si tel est le bon plaisir de l’empereur et si tu agrées ton serviteur, veuille m’envoyer en Juda, dans la ville où mes ancêtres sont enterrés, pour que je puisse la rebâtir.

L’empereur, qui avait l’impératrice assise à ses côtés, me demanda alors : Combien de temps durera ton voyage et quand seras-tu de retour ?

L’empereur accepta donc de me laisser partir, et je lui indiquai un délai. Puis j’ajoutai : Si l’empereur le trouve bon, pourrait-on me donner des lettres[c] pour les gouverneurs de la province à l’ouest de l’Euphrate, pour qu’ils me laissent passer jusqu’au pays de Juda, ainsi qu’une lettre pour Asaph, l’intendant des forêts impériales, afin qu’il me fournisse du bois de charpente pour reconstruire les portes de la citadelle[d], près du Temple, et les murailles de la ville, et pour bâtir la maison où je m’installerai.

L’empereur me procura ces lettres, car mon Dieu agissait avec bonté en ma faveur.

L’arrivée de Néhémie à Jérusalem et l’inspection de la ville

Je me rendis auprès des gouverneurs des provinces à l’ouest de l’Euphrate et je leur remis les lettres de l’empereur. L’empereur m’avait fait escorter par des officiers de l’armée et par des cavaliers. 10 Quand Sanballat, le Horonite, et Tobiya, le fonctionnaire ammonite[e], apprirent mon arrivée, ils furent très mécontents que quelqu’un soit venu pour œuvrer au bien des Israélites. 11 Une fois arrivé à Jérusalem, j’y restai trois jours. 12 Puis je sortis de nuit, accompagné de quelques hommes, sans avoir dit à personne ce que mon Dieu m’avait mis à cœur d’entreprendre en faveur de Jérusalem. Je ne disposais pas d’autre bête que de ma propre monture. 13 Je sortis cette nuit-là par la porte de la Vallée[f], et je me dirigeai vers la source du Dragon[g] et vers la porte du Fumier[h]. J’examinai les remparts de Jérusalem. Je constatai qu’il y avait des brèches presque partout et que les portes avaient été détruites par le feu. 14 Je poursuivis vers la porte de la Source[i] et passai près de l’étang du Roi[j], mais il n’y avait plus de passage pour ma monture. 15 Je remontai, toujours de nuit, par la vallée du Cédron en continuant d’examiner la muraille. Puis je fis demi-tour et je rentrai par la porte de la Vallée. 16 Les chefs de la ville ignoraient où j’étais allé et ce que j’avais fait. Jusque-là, je n’avais informé ni les Juifs, ni les prêtres, ni les notables, ni les chefs, ni les autres responsables qui s’occupaient des travaux. 17 C’est alors seulement que je leur dis : Vous voyez vous-mêmes quel est notre malheur ! Jérusalem est en ruine et ses portes ont été détruites par le feu ! Allez, reconstruisons le rempart de Jérusalem pour que nous ne soyons plus dans cette situation humiliante !

18 Je leur racontai ensuite comment la main bienveillante de mon Dieu avait agi pour moi avec bonté, et je leur rapportai ce que l’empereur m’avait dit. Ils s’écrièrent aussitôt : Levons-nous et effectuons les travaux de reconstruction.

Ainsi ils prirent courage pour réaliser cette belle œuvre.

Les moqueries de Sanballat et Tobiya

19 Lorsque Sanballat, le Horonite, Tobiya, son adjoint ammonite, et Guéshem, l’Arabe, l’apprirent, ils se moquèrent de nous, et vinrent nous dire d’un ton méprisant : Qu’êtes-vous en train de faire ? Vous voulez vous révolter contre l’empereur ?

20 Mais je leur répondis : Le Dieu du ciel fera réussir notre entreprise. Nous, ses serviteurs, nous nous mettrons à l’œuvre et nous reconstruirons la ville. Quant à vous, vous n’avez aucune propriété ni aucun droit dans Jérusalem, et personne ne s’y souviendra de vous avec considération !

L’organisation des travaux

Eliashib, le grand-prêtre, se mit au travail avec ses collègues, les prêtres, et ils se chargèrent de la reconstruction de la porte des Brebis. Ils la consacrèrent et en posèrent les battants, puis ils continuèrent à réparer la muraille, qu’ils consacrèrent, jusqu’à la tour de Méa, puis jusqu’à la tour de Hananéel.

A côté d’eux travaillaient les habitants de Jéricho. A leur suite, c’était Zakkour, fils d’Imri, qui bâtissait. Les descendants de Senaa reconstruisirent la porte des Poissons[k]. Ils en firent la charpente et en posèrent les battants, les verrous et les barres. A côté d’eux, Merémoth, fils d’Urie, petit-fils d’Haqqots, travaillait ; à sa suite, c’était Meshoullam, fils de Bérékia, fils de Meshézabéel ; et plus loin, Tsadoq, fils de Baana. Venaient ensuite les habitants de Teqoa, mais leurs notables refusèrent de travailler sous les ordres des maîtres d’œuvre. Yoyada, fils de Paséah, et Meshoullam, fils de Besodia, réparèrent la Vieille Porte. Ils en firent la charpente et posèrent les battants, les verrous et les barres.

A côté d’eux travaillaient Melatia, le Gabaonite, Yadôn, le Méronothite, et les gens de Gabaon et de Mitspa qui relevaient de la juridiction du gouverneur de la province à l’ouest de l’Euphrate. A côté d’eux travaillait l’orfèvre Ouzziel, fils de Harhaya, et à côté de lui, Hanania le parfumeur. Ils restaurèrent Jérusalem jusqu’à l’endroit où la muraille s’élargit. A côté d’eux travaillait Rephaya, fils de Hour, chef de la moitié du district de Jérusalem. 10 A côté d’eux, Yedaya, fils de Haroumaph, travaillait à la section située en face de sa maison. A sa suite venait Hattoush, fils de Hashabnia. 11 Un second secteur de la muraille ainsi que la tour des Fours furent réparés par Malkiya, fils de Harim, et par Hashoub, fils de Pahath-Moab.

12 A côté d’eux travaillait Shalloum, fils de Hallohesh, chef de l’autre moitié du district de Jérusalem, assisté de ses filles. 13 Hanoun et les habitants de Zanoah[l] réparèrent la porte de la Vallée. Ils la reconstruisirent et en posèrent les battants, les verrous et les barres. De plus, ils restaurèrent la muraille sur cinq cents mètres jusqu’à la porte du Fumier. 14 C’est Malkiya, fils de Rékab, chef du district de Beth-Hakkérem, qui répara la porte du Fumier. Il la rebâtit et en posa les battants, les verrous et les barres. 15 Shalloun, fils de Kol-Hozé, chef du district de Mitspa, répara la porte de la Source[m]. Après l’avoir reconstruite, il la couvrit d’un toit et fixa les battants, les verrous et les barres. De plus, il releva la muraille de l’Etang de l’aqueduc, près du jardin du roi, jusqu’aux marches qui descendent de la Cité de David.

16 Au-delà, Néhémie, fils d’Azbouq, chef de la moitié du district de Beth-Tsour[n], travaillait dans le secteur qui s’étendait jusqu’en face du cimetière de David et allait jusqu’au réservoir artificiel et jusqu’à la caserne[o]. 17 Au-delà travaillaient des lévites : Rehoum, fils de Bani, puis, à côté de lui, Hashabia, chef de la moitié du district de Qeïla. 18 Au-delà travaillait leur collègue Bavvaï, fils de Hénadad, chef de l’autre moitié du district de Qeïla, 19 et, à sa suite, Ezer, fils de Josué, chef de Mitspa, réparait un second secteur, situé en face de la montée de l’arsenal, à l’endroit où la muraille fait saillie.

20 Au-delà, Baruch, fils de Zabbaï, réparait avec ardeur une autre section depuis l’angle jusqu’à l’entrée de la maison d’Eliashib, le grand-prêtre. 21 Au-delà, Merémoth, fils d’Urie et petit-fils d’Haqqots, réparait un autre secteur, depuis l’entrée de la maison d’Eliashib jusqu’à son extrémité. 22 Au-delà travaillaient les prêtres qui habitaient les plaines environnantes. 23 Au-delà, Benjamin et Hashoub réparaient la muraille en face de leurs maisons. A côté d’eux, Azaria, fils de Maaséya et petit-fils d’Anania, travaillait à côté de sa maison. 24 Au-delà, Binnouï, fils de Hénadad, renforçait un autre secteur allant de la maison d’Azaria jusqu’à l’angle en saillie de la muraille.

25 Puis c’était Palal, fils d’Ouzaï, qui travaillait devant la saillie et la tour supérieure qui domine le palais royal et touche à la cour de la prison, et au-delà, Pedaya, fils de Pareosh. 26 Les desservants du Temple s’étaient établis sur la colline de l’Ophel[p] jusqu’en face de la porte des Eaux à l’est, et de la tour en saillie. 27 Les gens de Teqoa travaillaient à la section suivante, depuis la grande tour en saillie jusqu’à la muraille de la colline de l’Ophel. 28 A partir de la porte des Chevaux, les prêtres travaillaient chacun en face de sa maison. 29 Au-delà, Tsadoq, fils d’Immer, réparait devant sa maison et ensuite Shemaya, fils de Shekania, gardien de la porte de l’Orient[q], 30 Hanania, fils de Shélémia, et Hanoun, le sixième fils de Tsalaph, réparèrent le secteur suivant, et au-delà, Meshoullam, fils de Bérékia, travaillait en face de sa demeure.

31 Puis Malkiya, de la corporation des orfèvres, travaillait jusqu’aux maisons des desservants du Temple et des marchands, vis-à-vis de la porte de la Surveillance et jusqu’au poste de guet situé en haut de l’angle de la muraille. 32 Les orfèvres et les marchands réparèrent la muraille entre ce poste de l’angle et la porte des Brebis.

Le mépris de Sanballat et Tobiya

33 Lorsque Sanballat apprit que nous rebâtissions la muraille, il fut très mécontent et se mit violemment en colère. Il se moqua des Juifs 34 en disant devant ses compatriotes et devant l’armée de Samarie : Qu’est-ce que ces minables Juifs veulent donc faire ? S’imagineraient-ils qu’on va les laisser agir et qu’en offrant des sacrifices à leur Dieu ils viendront maintenant à bout d’une telle entreprise ? Redonneront-ils vie à des pierres ensevelies sous des monceaux de poussière et calcinées ?

35 Tobiya, l’Ammonite, qui se tenait à ses côtés ajouta : Ils n’ont qu’à bâtir ! Si un renard s’élance contre leur muraille de pierre, il la brisera.

36 Ecoute, ô notre Dieu, comme on nous méprise ! Fais retomber sur eux l’humiliation qu’ils nous infligent et livre-les au pillage sur une terre d’exil. 37 Ne pardonne pas leur faute et n’efface pas leur péché, car ils ont offensé ceux qui rebâtissent les remparts.

38 Cependant, nous avons continué à bâtir la muraille et, sur tout le pourtour, elle fut réparée jusqu’à mi-hauteur, car chacun avait pris ce travail à cœur.

Les Judéens se préparent à se défendre

Lorsque Sanballat, Tobiya, les Arabes, les Ammonites et les Ashdodiens apprirent que la restauration des murailles de Jérusalem progressait et que les brèches commençaient à être obturées, ils se mirent très en colère. Ils se liguèrent tous ensemble pour aller attaquer Jérusalem et y semer le désordre. Alors nous avons prié notre Dieu et nous avons posté des gens pour monter la garde, de jour et de nuit, pour nous défendre contre eux. Cependant, déjà le peuple de Juda murmurait : Ceux qui portent les fardeaux sont à bout de forces et les tas de décombres restent énormes. Jamais nous n’arriverons à rebâtir cette muraille !

Quant à nos adversaires, ils disaient : Ils ne sauront rien et ne verront rien jusqu’au moment où nous surgirons au milieu d’eux pour les massacrer et mettre fin à ce travail.

Les Juifs qui habitaient parmi eux vinrent dix fois nous avertir de ce qu’ils préparaient : De tous les lieux où vous vous tournerez, disaient-ils, ils viendront contre nous.

C’est pourquoi je mis des gens en place en contrebas derrière la muraille, aux endroits découverts ; je les postai groupés par familles et armés d’épées, de lances et d’arcs. Après avoir tout inspecté, je m’adressai aux notables, aux chefs et au reste du peuple : N’ayez pas peur d’eux ! Pensez au Seigneur qui est grand et redoutable, et combattez pour vos frères, vos fils et vos filles, vos femmes et vos maisons !

Lorsque nos ennemis apprirent que nous étions informés et que Dieu avait ainsi déjoué leur projet, nous sommes tous retournés à la muraille, chacun à son travail. 10 Mais à partir de ce jour, la moitié des hommes seulement faisaient le travail et ceux de l’autre moitié, vêtus de cuirasses, étaient armés des lances, des boucliers et des arcs. Et les chefs se tenaient derrière tous les gens de Juda. 11 Ceux qui étaient occupés à rebâtir la muraille et ceux qui portaient ou chargeaient les fardeaux travaillaient d’une main et tenaient une arme de l’autre. 12 Chacun des bâtisseurs avait son épée attachée à sa hanche. C’est ainsi qu’ils bâtissaient. Un homme se tenait à mes côtés prêt à sonner du cor. 13 Je dis alors aux notables, aux chefs et au reste du peuple : Le travail est considérable et s’étend sur une grande distance, nous sommes dispersés loin les uns des autres le long de la muraille. 14 Rassemblez-vous autour de nous, à l’endroit où vous entendrez le son du cor, et notre Dieu combattra pour nous.

15 C’est ainsi que, chaque jour, nous poursuivions notre entreprise, la moitié d’entre nous tenant la lance à la main depuis l’aurore jusqu’à l’apparition des étoiles. 16 Durant cette période, je dis encore au peuple : Que chacun passe la nuit dans Jérusalem avec son subalterne[r]. Ainsi, nous pourrons monter la garde pendant la nuit et poursuivre le travail pendant le jour.

17 Ni moi, ni mes proches, ni mes collaborateurs, ni les gardes de mon escorte, nous ne quittions nos vêtements, chacun gardait ses armes à portée de main[s].

Néhémie règle le problème des injustices sociales

A cette époque, des hommes du peuple et leurs femmes se plaignirent vivement de certains de leurs compatriotes juifs. Certains disaient : Nous avons beaucoup de fils et de filles, nous voudrions recevoir du blé pour manger et survivre.

D’autres déclaraient : Nous sommes obligés de donner nos champs, nos vignes et même nos maisons en gage pour nous procurer du blé lorsqu’il y a une famine.

D’autres encore se plaignaient : Nous devons emprunter de l’argent en hypothéquant nos champs et nos vignes pour payer l’impôt impérial. Et pourtant, nous sommes bien de la même race que nos compatriotes : nos enfants ne sont pas différents des leurs ; et voici que nous en sommes réduits à vendre nos fils et nos filles comme esclaves : certaines de nos filles ont déjà été réduites à l’esclavage et nous sommes impuissants à les défendre, car déjà nos champs et nos vignes appartiennent à d’autres.

Lorsque j’entendis leurs plaintes et toutes ces réclamations, je fus saisi d’une violente colère et je pris la décision d’adresser de vifs reproches aux notables et aux chefs du peuple. Je leur dis : Quand vous prêtez de l’argent à vos compatriotes, vous leur demandez des intérêts[t] !

Je convoquai une grande assemblée pour traiter leur cas. Je leur déclarai : Dans la mesure de nos moyens, nous avons racheté nos compatriotes juifs vendus comme esclaves à des étrangers[u]. Et maintenant vous vendez vous-mêmes vos compatriotes, et cela à des gens de notre peuple.

Ils ne trouvèrent rien à répondre et gardèrent le silence. J’ajoutai : Ce que vous faites là n’est pas bien. Ne devriez-vous pas vivre comme des gens qui craignent notre Dieu pour ne pas donner à nos ennemis des autres peuples, l’occasion de nous couvrir de honte ? 10 Moi aussi, mes proches et mes collaborateurs, nous leur avons prêté de l’argent et du blé. Remettons-leur donc cette dette ! 11 Rendez-leur aujourd’hui même leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et remettez-leur la part de l’argent, du blé, du vin et de l’huile que vous avez exigée d’eux comme intérêt.

12 Ils répondirent : Nous ferons ce que tu demandes, nous rendrons ce que nous avons pris et nous n’exigerons rien d’eux.

Alors j’appelai les prêtres devant lesquels je fis prêter serment à ces gens d’agir comme ils l’avaient dit. 13 Puis je secouai les pans de mon vêtement en déclarant : Que Dieu secoue de cette manière loin de sa maison et de ses biens celui qui n’aura pas tenu cette promesse et qu’ainsi il soit secoué et laissé sans rien !

Toute l’assemblée répondit : Amen ! et loua l’Eternel. Et le peuple se conforma à la décision prise.

14 Depuis le jour où j’avais été nommé gouverneur du district de Juda, c’est-à-dire depuis la vingtième année jusqu’à la trente-deuxième année du règne d’Artaxerxès, soit pendant douze ans, ni moi ni mes proches nous n’avons vécu des revenus dus au gouverneur[v]. 15 Mes prédécesseurs dans cette charge avaient pressuré le peuple, exigeant qu’on leur remette chaque jour, outre le pain et le vin, quarante pièces d’argent.

Même leurs fonctionnaires exerçaient leur domination sur le peuple. Pour moi, je n’ai jamais agi de la sorte, car je craignais Dieu. 16 Au contraire, j’ai travaillé personnellement à la réparation de la muraille et mes collaborateurs se sont aussi mis à l’œuvre, et nous n’avons jamais acheté de terres. 17 D’autre part, j’ai reçu régulièrement à ma table cent cinquante chefs juifs, sans compter ceux qui venaient vers nous des peuples des régions environnantes. 18 Chaque jour, on apprêtait pour cela un taureau, six moutons de choix et des volailles, et tous les dix jours, on me livrait de grandes quantités de vin. Malgré cela, je n’ai pas demandé les revenus alloués au gouverneur car je savais que les travaux pesaient lourdement sur le peuple.

19 Tiens compte de moi, ô mon Dieu, et accorde-moi ta bienveillance à cause de tout ce que j’ai fait pour ce peuple !

Tentatives d’intimidation

Lorsque Sanballat, Tobiya, Guéshem l’Arabe et le reste de nos ennemis apprirent que j’avais fini de rebâtir la muraille et qu’il n’y restait plus de brèche – sauf les portes dont je n’avais pas encore posé les battants à cette époque – Sanballat et Guéshem m’envoyèrent un message pour me dire : Viens et ayons ensemble une entrevue à Kefirim, dans la vallée d’Ono[w].

Ils avaient l’intention de me faire du mal.

Je leur envoyai des messagers pour leur répondre : J’ai un grand travail à exécuter et il m’est impossible de me rendre auprès de vous. Je n’ai pas de raison d’interrompre l’ouvrage en l’abandonnant pour aller vous rencontrer.

A quatre reprises, ils me firent transmettre la même proposition, et je leur retournai la même réponse. Une cinquième fois, Sanballat m’envoya ce même message par son serviteur qui tenait à la main une lettre ouverte. Il y était écrit :

« Le bruit se répand parmi les peuples des régions environnantes que toi et les Juifs, vous projetez une révolte. Guéshem me l’a d’ailleurs confirmé. Ce serait pour cela que tu reconstruis la muraille. On dit même que tu veux devenir leur roi et que tu as déjà désigné des prophètes chargés de proclamer à Jérusalem que tu es devenu roi de Juda. Maintenant, des rumeurs de ce genre arriveront certainement aux oreilles de l’empereur. Viens donc en discuter avec nous ! »

Je lui fis répondre : Rien de ce que tu affirmes n’est exact. Tout ceci est une pure invention de ta part !

Tous ces gens, en effet, ne cherchaient qu’à nous faire peur ; ils espéraient que nous nous découragerions et que nous abandonnerions l’ouvrage !

Maintenant, ô Dieu, fortifie-moi pour ma tâche[x] !

L’intervention d’un faux prophète

10 Je me rendis chez Shemaya, fils de Delaya et petit-fils de Mehétabéel, qui s’était barricadé chez lui. Il s’écria : Allons tenir conseil dans le temple de Dieu, au fond du sanctuaire, et verrouillons-en les portes, car ils veulent te tuer : ils vont venir pendant la nuit pour t’assassiner.

11 Mais je lui répondis : Comment un homme dans ma position prendrait-il la fuite ? D’ailleurs, quel homme comme moi pourrait pénétrer dans le Temple sans perdre la vie[y] ? Non, je n’irai pas !

12 J’avais bien compris que ce n’était pas Dieu qui l’envoyait. Mais il avait prononcé cette prophétie pour moi parce que Sanballat et Tobiya l’avaient soudoyé. 13 Ils avaient agi ainsi pour me faire peur, et pour qu’en suivant son conseil, je commette un péché. Alors ils auraient pu me faire une mauvaise réputation et me discréditer.

14 Mon Dieu, ne laisse pas Sanballat et Tobiya impunis pour leurs actes, ni Noadia la prophétesse, ni les autres prophètes qui ont cherché à me faire peur.

La confusion des ennemis

15 La muraille fut achevée en cinquante-deux jours, le vingt-cinq du mois d’Eloul[z]. 16 Lorsque tous nos ennemis l’apprirent, tous les peuples étrangers qui nous entouraient furent saisis de crainte et profondément humiliés à leurs propres yeux, car ils reconnurent qu’un tel ouvrage n’avait pu être mené à bonne fin qu’avec l’aide de notre Dieu.

17 Durant toute cette période, des notables de Juda entretenaient une abondante correspondance avec Tobiya. 18 En effet, beaucoup de Judéens étaient liés à lui par serment parce qu’il était le gendre de Shekania, fils d’Arah, et que son propre fils Yohanân avait épousé la fille de Meshoullam, fils de Bérékia. 19 Ils avaient même l’audace de vanter ses mérites en ma présence, et ils lui rapportaient mes paroles. C’était ce Tobiya qui envoyait des lettres pour m’intimider.

Footnotes

  1. 2.1 C’est-à-dire mars-avril 445 av. J.-C., quatre mois après que Néhémie eut été informé de l’état de Jérusalem.
  2. 2.3 Voir 2 R 25.8-10 ; 2 Ch 36.19 ; Jr 52.12-13.
  3. 2.7 C’est-à-dire des sauf-conduits servant de passeport.
  4. 2.8 Probablement la forteresse au nord du temple qu’Hérode le Grand reconstruira plus tard.
  5. 2.10 Sanballat : de la ville de Beth-Horôn, à la frontière entre Benjamin et Ephraïm, principal adversaire de Néhémie (voir 4.1-2 ; 6.1-19), était gouverneur de Samarie (d’après un papyrus d’Eléphantine). Tobiya : voir 6.1, 12, 17-18.
  6. 2.13 Une porte de la muraille ouest de Jérusalem (3.13).
  7. 2.13 Parfois identifiée à la source d’Eyn-Roguel (Jos 15.7-8 ; 18.16 ; 2 S 17.17 ; 1 R 1.9) située au confluent des vallées du Cédron et de Ben-Hinnom.
  8. 2.13 Par où l’on sortait les immondices de la ville pour les amener à la vallée de Ben-Hinnom (voir 3.13-14 ; 12.31 ; 2 R 23.10).
  9. 2.14 Conduisant sans doute à la source d’Eyn-Roguel (3.15 ; 12.37), elle se trouvait à l’angle sud-est de la ville.
  10. 2.14 Probablement, l’étang de Siloé (3.15).
  11. 3.3 Vers le nord-ouest.
  12. 3.13 Située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Jérusalem.
  13. 3.15 Voir 2.14 et note.
  14. 3.16 A quelques kilomètres au nord d’Hébron.
  15. 3.16 L’ancienne caserne des gardes du corps de David (2 S 23.8-39).
  16. 3.26 Colline de Jérusalem (voir 11.21 ; 2 Ch 27.3). Le nom s’appliquait surtout au côté nord de la colline qui se trouvait au sud-est de la ville, celle qui constituait autrefois la Cité de David, au sud du Temple.
  17. 3.29 Peut-être l’actuelle porte Dorée.
  18. 4.16 Autre traduction : son serviteur.
  19. 4.17 Texte difficile. Autres traductions : … ses armes, même pour aller se laver ou chacun n’avait que ses armes et de l’eau.
  20. 5.7 Voir Ex 22.24-26 ; Lv 25.36 ; Dt 23.20.
  21. 5.8 A Babylone, les Juifs fortunés rachetèrent aux païens ceux de leurs compatriotes qui avaient dû se vendre comme esclaves (ne pouvant pas rembourser leurs dettes) afin qu’ils puissent retourner au pays d’Israël (voir Lv 25.47-48).
  22. 5.14 De 445 à 433 av. J.-C.
  23. 6.2 Kefirim : localité inconnue, dans la plaine de Saron, au nord de Lydda, dans la partie la plus à l’ouest de la région occupée par les rapatriés (Né 7.37 ; 11.35).
  24. 6.9 Les mots : ô Dieu ne sont pas dans l’hébreu. Mais il semble bien s’agir d’une courte prière. Les anciennes versions ont : Maintenant, je fortifierai mes mains.
  25. 6.11 Nb 18.7 interdit à ceux qui n’étaient pas prêtres de pénétrer à l’intérieur du tabernacle et du Temple (voir 2 Ch 26.16-21).
  26. 6.15 Le 3 octobre 445 av. J.-C. (ou fin septembre selon certains). L’assemblée solennelle du peuple fut tenue cinq jours plus tard (8.1-2). La dédicace de la muraille est décrite en 12.27-47.