Bible in 90 Days
13 Ils lui assurèrent : Non, nous voulons seulement te ligoter et te remettre à eux ; nous ne te ferons pas mourir.
Ils le lièrent avec deux cordes neuves et le firent sortir de la grotte. 14 C’est ainsi que Samson arriva à Léhi. Les Philistins accoururent en poussant des cris de triomphe. Alors l’Esprit de l’Eternel fondit sur lui et les cordes qui liaient ses bras se déchirèrent comme si c’étaient des fils de lin brûlés. Ses liens se désagrégèrent sur ses mains.
15 Il trouva une mâchoire d’âne encore fraîche, la ramassa et s’en servit pour tuer mille hommes. 16 Puis il s’écria :
Avec la mâchoire d’un âne |j’en ai fait des tas et des tas,
oui, j’ai tué un millier d’hommes |avec la mâchoire d’un âne.
17 Après avoir dit cela, il jeta la mâchoire loin de lui et nomma le lieu Ramath-Léhi (la colline de la Mâchoire).
18 Comme il avait horriblement soif, il pria l’Eternel et dit : C’est toi qui as accordé cette grande victoire à ton serviteur. Me laisseras-tu maintenant mourir de soif et tomber entre les mains de ces incirconcis ?
19 Alors Dieu fendit le rocher creux qui se trouve à Léhi, et il en jaillit de l’eau. Samson but, il reprit ses esprits et se sentit revivre. C’est pourquoi on a nommé cette source Eyn-Haqqoré (la Source de celui qui prie) ; elle existe encore aujourd’hui à Léhi. 20 Samson fut chef en Israël pendant vingt ans à l’époque où les Philistins dominaient le pays.
Samson à Gaza
16 Samson se rendit à Gaza[a]. Il y vit une prostituée et entra chez elle. 2 La nouvelle se répandit parmi les gens de Gaza qu’il se trouvait dans la ville. Pendant toute la nuit, ils gardèrent les issues et firent le guet à la porte de la ville. Cependant, ils se tinrent tranquilles pendant la nuit, se proposant de le tuer au point du jour. 3 Mais Samson resta couché jusqu’au milieu de la nuit seulement ; à minuit, il se leva. Arrivé à la porte de la ville, il empoigna les deux battants avec les deux montants et les arracha avec la traverse, puis il chargea le tout sur ses épaules et le transporta jusqu’au sommet de la colline en face d’Hébron[b].
Samson trahi par Dalila
4 Plus tard, Samson tomba amoureux d’une femme nommée Dalila qui habitait dans la vallée de Soreq[c]. 5 Les princes des Philistins[d] vinrent la trouver et lui dirent : Enjôle-le, et tâche de découvrir d’où lui vient sa force extraordinaire et comment nous pourrions réussir à le ligoter pour le maîtriser. Chacun de nous te donnera onze cents pièces d’argent[e].
6 Dalila demanda à Samson : Dis-moi, je te prie, d’où te vient ta grande force et avec quoi il faudrait te lier pour te maîtriser.
7 Samson lui répondit : Si on me lie avec sept cordes fraîches qui n’ont pas encore séché, je perdrai ma force et je deviendrai comme n’importe quel autre homme.
8 Les princes des Philistins procurèrent à Dalila sept cordes fraîches qui n’étaient pas encore sèches, et elle ligota Samson avec ces cordes, 9 tandis que des hommes se tenaient cachés chez elle, dans la chambre. Tout à coup, elle s’écria : Samson ! Les Philistins t’attaquent !
Il rompit les cordes comme se rompt une mèche d’étoupe quand elle a pris feu. Ainsi on ne découvrit pas le secret de sa force.
10 Dalila dit à Samson : Voici : tu t’es moqué de moi, tu m’as raconté des mensonges. Maintenant, dis-moi donc, je te prie, avec quoi l’on pourrait te lier.
11 Il lui répondit : Si on m’attache fortement avec des cordes neuves qui n’ont jamais servi, je perdrai ma force et deviendrai comme n’importe quel autre homme.
12 Alors Dalila prit des cordes neuves dont elle le ligota. Puis elle s’écria : Samson ! Les Philistins t’attaquent !
Des hommes se tenaient de nouveau cachés dans la chambre. Mais il rompit les cordes comme un fil et les fit tomber de ses bras.
13 Dalila dit à Samson : Jusqu’à présent, tu t’es moqué de moi et tu ne m’as raconté que des mensonges. Dis-moi enfin avec quoi il faudrait te lier.
Il lui répondit : Si tu tisses les sept tresses de ma tête dans la chaîne d’un métier à tisser et que tu les fixes au moyen d’une cheville, je perdrai ma force et je deviendrai comme n’importe quel autre homme[f].
14 Alors elle l’endormit, tissa les sept tresses de sa chevelure sur la chaîne du métier à tisser et les fixa avec la cheville. Puis elle s’écria : Samson ! Les Philistins t’attaquent !
Il se réveilla de son sommeil et arracha la cheville du métier avec la chaîne. 15 Alors elle lui dit : Comment peux-tu prétendre que tu m’aimes alors que tu ne me fais pas confiance ! Voilà trois fois que tu t’es moqué de moi et que tu as refusé de m’indiquer d’où venait ta force extraordinaire.
16 Tous les jours, elle le harcelait par ses paroles et le poussait à bout par ses instances. Excédé à en mourir, 17 il finit par lui révéler son secret.
– Jamais encore, lui dit-il, mes cheveux et ma barbe n’ont été coupés, car j’ai été consacré à Dieu dès le sein maternel. Si l’on me rasait la tête, ma force m’abandonnerait et je deviendrais comme n’importe quel autre homme.
18 Dalila comprit qu’il lui avait révélé son secret. Elle fit prévenir les princes des Philistins en leur disant : Venez, car cette fois-ci, il m’a dit son secret.
Ils se rendirent chez elle avec l’argent promis. 19 Elle endormit Samson sur ses genoux, puis appela un homme pour lui couper les sept tresses de sa tête. Ainsi elle commença à le maîtriser, car il perdit sa force[g]. 20 Puis elle cria : Samson ! Les Philistins t’attaquent !
Il se réveilla de son sommeil et se dit : Je m’en tirerai comme les autres fois et je me dégagerai !
Mais il ne savait pas que l’Eternel s’était détourné de lui. 21 Les Philistins se saisirent de lui et lui crevèrent les yeux[h], puis ils l’emmenèrent à Gaza, le ligotèrent avec une double chaîne de bronze, et lui firent tourner la meule à grain dans la prison.
L’ultime vengeance de Samson
22 Après avoir été rasés, ses cheveux commencèrent à repousser. 23 Les princes des Philistins s’assemblèrent pour offrir un sacrifice important à Dagôn[i] leur dieu et pour se livrer aux réjouissances. Ils disaient :
C’est notre Dieu |qui a livré |entre nos mains |notre ennemi : Samson.
24 Quand le peuple le vit, il loua son dieu en disant :
C’est notre Dieu |qui a livré |entre nos mains |notre ennemi
qui ravageait |notre pays
et qui a fait |tant de victimes parmi nous.
25 Comme ils étaient en joie, ils s’écrièrent : Appelez Samson, qu’il nous divertisse !
Ils firent sortir Samson de la prison et il dut se livrer à des pitreries devant eux, puis ils le placèrent entre les colonnes du bâtiment. 26 Alors Samson demanda au jeune homme qui le conduisait par la main : Guide-moi ! Fais-moi toucher les colonnes qui soutiennent l’édifice pour que je puisse m’y appuyer.
27 Or, le bâtiment était rempli d’hommes et de femmes ; tous les princes des Philistins s’y trouvaient et, sur la terrasse, il y avait trois mille personnes environ, hommes et femmes, qui regardaient Samson les amuser. 28 Samson pria l’Eternel et dit : Seigneur Eternel ! Je te prie, interviens en ma faveur ! Rends-moi ma force, une dernière fois, ô Dieu, pour que je me venge en une fois des Philistins pour la perte de mes deux yeux !
29 Il toucha les deux colonnes centrales qui soutenaient l’édifice et s’arc-bouta contre elles, de la main droite contre l’une et de la main gauche contre l’autre. 30 Puis il dit : Que je meure avec les Philistins !
Puis il poussa de toutes ses forces, et le bâtiment s’écroula sur les princes et sur toute la foule qui s’y trouvait. Ainsi il fit périr plus de monde par sa mort que de son vivant. 31 Ses frères et tous les siens descendirent pour emporter son corps et pour l’ensevelir entre Tsorea et Eshtaol dans le tombeau de Manoah, son père. Il avait été chef en Israël pendant vingt ans.
La déchéance morale et spirituelle d’Israël
Le sanctuaire de Mika
17 Dans la région montagneuse d’Ephraïm[j] vivait un homme nommé Mika. 2 Il déclara à sa mère : Tu te souviens qu’on t’a volé onze cents pièces d’argent[k] et que tu as maudit le voleur en ma présence. Eh bien, c’est moi qui ai pris cet argent, il est chez moi.
– Que mon fils soit béni de l’Eternel ! lui dit sa mère.
3 Il rendit les onze cents pièces d’argent à sa mère qui dit : Je consacre cet argent à l’Eternel en faveur de mon fils pour en faire une statue et une idole en métal fondu. Je vais donc te le rendre.
4 Le fils remit l’argent à sa mère, qui en préleva deux cents pièces pour les donner à un orfèvre. Celui-ci en fit une statue et une idole en métal fondu, qu’on plaça dans la maison de Mika. 5 Ayant donc chez lui un lieu de culte, il fit faire une autre statue et des idoles domestiques, puis il établit prêtre l’un de ses fils.
Le prêtre de Mika
6 En ce temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qu’il jugeait bon. 7 Or, il y avait là un jeune lévite, originaire de Bethléhem en Juda, qui appartient à la tribu de Juda. Il résidait là[l]. 8 Il avait quitté Bethléhem pour aller s’établir là où il trouverait un domicile. En cours de route, il était arrivé dans la région montagneuse d’Ephraïm et jusqu’à la maison de Mika.
9 – D’où viens-tu ? lui demanda celui-ci.
– Je suis un lévite, répondit-il, de Bethléhem en Juda. Je suis en route pour m’établir là où je trouverai un endroit.
10 – Eh bien, lui dit Mika, reste donc chez moi. Tu me serviras de « père[m] » et de prêtre, et je te donnerai dix pièces d’argent par an, en plus du vêtement et de la nourriture.
Le lévite entra à son service. 11 Il accepta de rester chez cet homme qui le traita comme l’un de ses fils. 12 Mika établit le lévite dans sa charge, et le jeune homme devint donc son prêtre. Il logea dans sa propre maison. 13 Mika dit : Maintenant, je suis certain que l’Eternel me fera du bien, puisque j’ai pu avoir un lévite pour prêtre.
Les Danites à la recherche d’un lieu pour s’établir
18 En ce temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. La tribu de Dan cherchait un territoire pour s’y établir, car jusqu’à ce moment-là, elle n’avait pas obtenu de patrimoine parmi les autres tribus d’Israël. 2 Les Danites envoyèrent donc cinq hommes d’entre eux, particulièrement courageux, de Tsorea et d’Eshtaol, avec pour mission d’explorer et de reconnaître le pays. Ces cinq hommes arrivèrent dans la région montagneuse d’Ephraïm près de la maison de Mika, et y passèrent la nuit. 3 Comme ils étaient tout près de la maison, ils remarquèrent l’accent du jeune lévite et allèrent le trouver pour lui demander : Qui t’a fait venir à cet endroit ? Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi restes-tu ici ?
4 Il leur dit tout ce que Mika faisait pour lui.
– Il me donne un salaire et je suis devenu son prêtre.
5 Alors ils lui dirent : Consulte donc Dieu, nous t’en prions, pour que nous sachions si le voyage que nous avons entrepris réussira.
6 Le prêtre leur répondit : Poursuivez tranquillement votre route ! L’Eternel approuve le voyage que vous faites.
7 Les cinq hommes se remirent en route et allèrent jusqu’à Laïsh[n]. Ils y trouvèrent une population, vivant en toute sécurité, à la manière des Sidoniens[o], tranquille et confiante. Personne ne leur causait d’ennuis, personne n’y exerçait une autorité oppressive, et ils se trouvaient loin des Sidoniens, sans relation avec personne. 8 Les cinq hommes revinrent à Tsorea et Eshtaol vers leur tribu où on leur demanda : Quelles sont les nouvelles ?
9 Ils leur répondirent : Allons-y, marchons contre eux ! Car nous avons examiné le pays et il est excellent. Quoi ! Vous ne dites rien ! Ne lambinez pas ! Mettez-vous en route et allez le conquérir ! 10 En arrivant là-bas, vous trouverez une population sans défiance et un pays spacieux et largement ouvert que Dieu a livré entre vos mains ; c’est une contrée où rien ne manque de ce que la terre peut produire.
Le vol d’une idole et de son prêtre
11 Alors six cents hommes de la tribu de Dan armés pour le combat quittèrent Tsorea et Eshtaol. 12 En cours de route, ils campèrent près de Qiryath-Yearim en Juda. C’est pourquoi cet endroit s’appelle encore aujourd’hui Mahané-Dan (Le camp de Dan). Il est situé à l’ouest de Qiryath-Yearim[p]. 13 De là, ils se dirigèrent vers la région montagneuse d’Ephraïm et ils parvinrent aux abords de la maison de Mika. 14 Alors les cinq hommes qui étaient allés reconnaître la région de Laïsh, dirent à leurs compagnons : Savez-vous qu’il y a dans l’une de ces maisons-là un vêtement sacerdotal, des statuettes sacrées, une statue et une idole en métal fondu ? Maintenant, vous savez ce que vous avez à faire !
15 Alors ils firent un détour jusque-là, entrèrent dans la maison du jeune lévite, la maison de Mika, pour le saluer. 16 Pendant ce temps, les six cents Danites armés pour le combat s’étaient postés à l’entrée de la porte. 17 Les cinq hommes qui étaient allés reconnaître le pays entrèrent et s’emparèrent des deux statues, des idoles domestiques et de l’idole en métal fondu. Le prêtre se tenait sur le seuil de la porte avec les six cents hommes armés. 18 Mais alors que les autres entraient dans la maison de Mika et prenaient les statues, les idoles domestiques et l’idole de métal fondu, il leur demanda : Que faites-vous là ?
19 – Chut, pas un mot ! lui dirent-ils. Viens avec nous, tu seras notre « père[q] » et notre prêtre ! Qu’est-ce qui vaut mieux pour toi ? Etre prêtre de la famille d’un seul homme, ou prêtre d’une tribu et d’une famille en Israël ?
20 Le prêtre fut très heureux de cette proposition. Il prit les statues et les idoles domestiques, et s’en alla avec cette troupe.
21 Là-dessus, ils se remirent en route, en plaçant les enfants, le bétail et les choses précieuses à l’avant de la troupe. 22 Lorsqu’ils étaient déjà assez loin de la maison de Mika, les voisins de celui-ci donnèrent l’alarme et se lancèrent à la poursuite des Danites. 23 Arrivés près d’eux, ils les interpellèrent. Ceux-ci se retournèrent et demandèrent à Mika : Qu’est-ce qui te prend d’ameuter tous ces gens ?
24 Il leur répondit : Vous avez pris les dieux que je me suis faits, vous avez enlevé mon prêtre et vous êtes partis. Il ne me reste plus rien. Et vous osez me demander ce qui me prend !
25 Les Danites répliquèrent : Ne nous rebats pas les oreilles ! Sinon des hommes exaspérés pourraient bien tomber sur vous et tu risquerais d’y laisser ta vie et celle de ta famille.
26 Les Danites poursuivirent leur route, tandis que Mika, voyant qu’ils étaient plus forts que lui, fit demi-tour et rentra chez lui. 27 C’est ainsi que les Danites enlevèrent ce que Mika avait fabriqué ainsi que son prêtre.
Les Danites s’établissent à Laïsh
Ensuite, ils allèrent attaquer Laïsh et massacrèrent la population tranquille et vivant en sécurité qui s’y trouvait, puis ils mirent le feu à la ville. 28 Il n’y eut personne pour venir à son secours, car elle était éloignée de Sidon et n’avait de relations avec personne d’autre. La ville était située dans la vallée attenante à Beth-Rehob. Les descendants de Dan rebâtirent la ville et s’y installèrent. 29 Ils appelèrent la ville Dan, du nom de leur ancêtre Dan, le fils d’Israël, alors qu’auparavant elle s’appelait Laïsh. 30 Ils érigèrent pour eux la statue sculptée et établirent Jonathan, fils de Guershom et petit-fils de Moïse[r], comme prêtre de la tribu des Danites. Ses descendants remplirent cet office jusqu’au temps où les gens de la région furent emmenés en captivité. 31 Ils dressèrent donc pour eux la statue que Mika avait fabriquée, et elle y resta pendant tout le temps qu’il y eut un sanctuaire de Dieu à Silo[s].
Le crime des habitants de Guibéa
19 A cette époque où il n’y avait pas de roi en Israël, un lévite qui résidait dans l’arrière-pays de la région montagneuse d’Ephraïm prit pour épouse de second rang, une femme de Bethléhem en Juda. 2 Mais celle-ci se livra à la prostitution[t] et le quitta pour retourner chez son père à Bethléhem où elle resta quatre mois. 3 Son mari alla la trouver pour lui parler et la persuader de revenir chez lui. Il était accompagné d’un serviteur et avait emmené deux ânes. La femme l’introduisit dans la maison de son père. Lorsque ce dernier le vit, il l’accueillit avec joie.
4 Le beau-père retint son gendre trois jours chez lui. Ils mangèrent et burent et logèrent là.
5 Le quatrième jour, ils se levèrent de bon matin et le lévite se disposait à partir quand son beau-père lui dit : Restaure-toi ! Prends un morceau de pain, vous partirez après.
6 Ils s’assirent donc, mangèrent et burent tous deux ensemble. Puis le père de la jeune femme dit au mari : Consens à rester cette nuit ici et donne-toi encore du bon temps.
7 Le mari se leva d’abord pour s’en aller, mais son beau-père insista tellement qu’il finit par rester et passer encore la nuit là.
8 Le matin du cinquième jour, il se leva de bonne heure pour partir. Et, de nouveau, son beau-père lui dit : Restaure-toi d’abord et remets ton départ jusqu’à ce que le jour baisse.
Puis ils mangèrent tous deux ensemble. 9 Lorsque le mari se leva pour partir avec sa femme et son serviteur, son beau-père lui dit : Vois-tu, le jour baisse, c’est déjà presque le soir, pourquoi ne passeriez-vous pas la nuit encore ici ? Oui, le jour décline et vous pouvez tranquillement dormir là et prendre du bon temps. Demain vous vous lèverez de bonne heure pour vous mettre en route, et tu retourneras chez toi.
10 Mais cette fois-ci, le lévite refusa de passer une autre nuit, il se leva et partit avec ses deux ânes sellés et sa femme. Il arriva en vue de Yebous – c’est-à-dire Jérusalem. 11 Alors qu’ils approchaient de Yebous, le jour tombait et le serviteur conseilla à son maître : Viens, je te prie, faisons un détour vers cette ville des Yebousiens pour y passer la nuit.
12 – Non, lui répondit son maître, nous ne nous arrêterons pas dans une ville étrangère où il n’y a pas d’Israélite. Poussons jusqu’à Guibéa[u]. 13 Puis il ajouta : Allons, essayons d’arriver jusqu’à Guibéa ou à Rama[v], et nous passerons la nuit dans l’une de ces localités.
14 Ils continuèrent donc leur marche et arrivèrent près de Guibéa, une ville de la tribu de Benjamin, quand le soleil se couchait. 15 Alors ils s’écartèrent de leur route pour aller dormir à Guibéa. Le lévite entra dans la ville et s’arrêta sur la place, mais personne ne leur offrit l’hospitalité pour la nuit dans sa maison.
16 Finalement, un vieillard rentra tard dans la soirée de son travail des champs. C’était un homme originaire de la région montagneuse d’Ephraïm qui séjournait à Guibéa parmi les Benjaminites. 17 Lorsqu’il aperçut le voyageur sur la place de la ville, il lui demanda : Où vas-tu et d’où viens-tu ?
18 L’autre lui répondit : Nous venons de Bethléhem de Juda, et nous nous rendons dans l’arrière-pays de la région montagneuse d’Ephraïm, où je suis né. Je viens de quitter Bethléhem de Juda et je me rends au sanctuaire de l’Eternel[w], mais il n’y a personne qui veuille me recevoir dans sa maison. 19 Pourtant j’ai de la paille et du fourrage pour nos ânes, ainsi que du pain et du vin pour moi, pour ma femme et pour le serviteur qui nous accompagne ; nous n’avons besoin de rien.
20 Le vieillard dit alors : La paix soit avec toi ! Sois le bienvenu ! Laisse-moi pourvoir à tous tes besoins, tu ne vas pas passer la nuit sur la place.
21 Il le fit entrer dans sa maison et donna du fourrage aux ânes, les voyageurs se lavèrent les pieds[x], puis ils mangèrent et burent.
22 Pendant qu’ils se donnaient du bon temps, des hommes de la ville, une bande de vauriens, encercla la maison. Ils frappaient violemment à la porte et criaient au vieillard, propriétaire de la maison : Fais sortir l’homme que tu as reçu chez toi pour que nous en jouissions[y].
23 Le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes amis, ne commettez pas de mal, je vous prie ! Puisque cet homme est l’hôte de ma maison, ne faites pas une chose si infâme. 24 Ecoutez : j’ai une fille qui est encore vierge, l’homme a une épouse de second rang avec lui, je vous les amènerai, vous pourrez en disposer et les traiter comme vous jugerez bon[z]. Mais ne commettez pas une action si infâme envers cet homme.
25 Mais ces hommes ne voulurent rien entendre. Alors le lévite prit son épouse et la fit sortir vers eux. Ils la violèrent et abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin, ne l’abandonnant qu’au lever du jour. 26 Aux approches du matin, la femme vint s’écrouler à la porte de la maison où se trouvait son mari. Elle y resta jusqu’à ce qu’il fasse jour. 27 Le matin venu, son mari se leva, ouvrit la porte de la maison et sortit pour continuer son voyage, quand il vit cette femme, son épouse de second rang, affalée à l’entrée de la maison, les mains sur le seuil. 28 Il lui dit : Lève-toi et partons !
Mais il n’y eut pas de réponse. Alors le mari la chargea sur l’un de ses ânes et se remit en route pour rentrer chez lui. 29 Arrivé dans sa maison, il saisit un coutelas, prit le corps de la femme et le découpa membre par membre en douze morceaux, qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël. 30 A tous ceux qui voyaient cela, les émissaires demandaient : A-t-on jamais vu un crime aussi horrible depuis que les Israélites sont sortis d’Egypte ? Réfléchissez, consultez-vous, et prenez une décision !
Les Israélites décident de punir les gens de Guibéa
20 Tous les Israélites vinrent depuis Dan jusqu’à Beer-Sheva et jusqu’au pays de Galaad, et l’assemblée se réunit comme un seul homme devant l’Eternel à Mitspa[aa]. 2 Les chefs de tout le peuple, de toutes les tribus d’Israël, prirent part à cette assemblée du peuple de Dieu composée de quatre cents « milliers » de fantassins portant l’épée. 3 Les Benjaminites apprirent que tous les autres Israélites s’étaient rendus à Mitspa. A cette réunion, les Israélites demandèrent qu’on leur explique comment ce crime avait été commis. 4 Alors le lévite dont la femme avait été tuée prit la parole et dit : J’étais arrivé avec mon épouse de second rang à Guibéa de Benjamin pour y passer la nuit. 5 Les habitants de la ville s’en sont pris à moi. Pendant la nuit, ils ont encerclé la maison où je logeais avec l’intention de me tuer, ils ont abusé de ma femme jusqu’à ce qu’elle en meure. 6 Alors j’ai pris son corps et je l’ai coupé en douze morceaux que j’ai envoyés dans tout le territoire attribué à Israël, parce qu’un crime abominable et infâme a été commis en Israël. 7 Vous voici tous réunis, Israélites. A vous de délibérer et de tenir conseil ici même.
8 Tout le peuple se leva unanime en disant : Aucun de nous ne retournera chez lui et nul ne se retirera dans sa maison. 9 Maintenant, voici comment nous agirons contre Guibéa. Nous tirerons au sort pour déterminer qui ira la combattre. 10 Nous choisirons dix hommes sur cent, cent sur mille et mille sur dix mille de toutes les tribus d’Israël et nous les chargerons d’assurer le ravitaillement du reste de l’armée. A leur retour, les autres iront châtier Guibéa et Benjamin pour l’acte infâme qu’ils ont commis en Israël.
11 Tous les hommes d’Israël se rassemblèrent pour marcher contre la ville, unis comme un seul homme.
Les Benjaminites refusent de livrer les coupables
12 Les différentes tribus envoyèrent d’abord des messagers dans toute la tribu de Benjamin pour leur dire : Comment un crime aussi horrible a-t-il pu être commis chez vous ? 13 Maintenant, livrez-nous sans tarder ces vauriens qui sont à Guibéa pour que nous les exécutions et que nous fassions disparaître le mal du milieu d’Israël !
Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs compatriotes israélites. 14 Au contraire, ils quittèrent leurs villes et se rassemblèrent à Guibéa pour partir en guerre contre les Israélites. 15 Vingt-six « milliers » d’hommes de Benjamin tirant l’épée furent recensés ce jour-là, sans compter les habitants de Guibéa qui fournirent sept « centaines » de soldats d’élite. 16 Dans cette troupe, il y avait sept « centaines » de soldats d’élite gauchers, tous capables de toucher un cheveu, sans le manquer, avec une pierre de leur fronde. 17 L’armée d’Israël sans Benjamin comptait quatre cents « milliers » d’hommes maniant l’épée et tous aguerris.
L’expédition punitive contre la tribu de Benjamin
18 Les Israélites se rendirent à Béthel pour consulter Dieu. Ils demandèrent : Quelle tribu doit attaquer la première les gens de Benjamin ?
L’Eternel répondit : Juda marchera en premier.
19 Dès le lendemain matin, les Israélites se mirent en marche et dressèrent leur camp en face de Guibéa. 20 Puis ils sortirent pour aller combattre les Benjaminites et se rangèrent en ordre de bataille, face à Guibéa. 21 Les hommes de Benjamin sortirent de Guibéa et ils tuèrent ce jour-là sur le champ de bataille 22 000 hommes d’Israël. 22 Mais l’armée d’Israël reprit courage et se rangea de nouveau en ordre de bataille, au même emplacement que la veille. 23 Jusqu’au soir, les Israélites étaient allés pleurer devant l’Eternel, et ils l’avaient interrogé en disant : Devons-nous engager de nouveau le combat contre les Benjaminites, nos compatriotes ?
L’Eternel répondit : Marchez contre eux !
24 Le lendemain donc, les Israélites attaquèrent une seconde fois ceux de Benjamin, 25 qui sortirent de Guibéa pour les affronter et massacrèrent encore ce jour-là sur le terrain 18 000 soldats d’Israël portant l’épée. 26 Alors tous les Israélites montèrent en foule à Béthel. Ils restèrent là, assis devant l’Eternel, pleurant et jeûnant jusqu’au soir, et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion devant l’Eternel. 27 Puis ils consultèrent encore l’Eternel. En effet, à cet endroit, se trouvait alors le coffre de l’alliance de Dieu. 28 Phinéas, fils d’Eléazar et petit-fils d’Aaron, était en fonction devant le coffre à cette époque. Il demanda : Devons-nous à nouveau aller combattre nos frères de la tribu de Benjamin ou cesser les hostilités ?
L’Eternel répondit : Allez-y, car demain je vous donnerai la victoire sur eux.
29 Les Israélites postèrent des hommes en embuscade tout autour de Guibéa, 30 puis ils allèrent à nouveau attaquer les Benjaminites le troisième jour. Ils se rangèrent en ordre de bataille face à Guibéa, comme les deux fois précédentes. 31 Les hommes de Benjamin sortirent de nouveau pour les affronter. Les Benjaminites se laissèrent entraîner loin de la ville, ils commencèrent comme précédemment à faire des victimes en plein champ sur les routes qui mènent l’une à Béthel, l’autre à Guibéa. Ils tuèrent ainsi une trentaine d’Israélites. 32 Alors les Benjaminites se dirent : Les voilà battus comme les autres fois !
Mais les Israélites avaient convenu de fuir et de les attirer sur des chemins de campagne loin de leur ville. 33 Et soudain, tous les hommes d’Israël quittèrent leurs positions et se regroupèrent en ordre de bataille à Baal-Tamar. Au même moment, les Israélites embusqués débouchaient de leur poste à Maaré-Guéba[ab]. 34 Dix mille hommes d’élite, sélectionnés dans toute l’armée d’Israël, arrivèrent devant Guibéa. La bataille fut acharnée. Les Benjaminites ne se doutaient pas du désastre qui allait fondre sur eux. 35 L’Eternel battit Benjamin devant Israël et, ce jour-là, les Israélites leur tuèrent 25 100 hommes, tous sachant manier l’épée.
36 Alors les Benjaminites comprirent qu’ils étaient battus. Les hommes d’Israël leur avaient cédé du terrain parce qu’ils comptaient sur l’embuscade postée près de Guibéa. 37 De fait, les hommes cachés se précipitèrent sur Guibéa, ils se répandirent dans la ville et y massacrèrent les habitants. 38 Ils avaient convenu avec le reste de l’armée d’Israël de faire monter de la ville une épaisse fumée. 39 Les hommes d’Israël devaient alors faire volte-face dans la bataille. Donc, alors que les Benjaminites avaient commencé à leur tuer une trentaine d’hommes et pensaient les avoir battus comme précédemment, 40 une épaisse colonne de fumée commença à s’élever de la ville. Les Benjaminites se retournèrent et virent que toute leur ville était en flammes s’élevant vers le ciel. 41 A ce moment-là, les hommes d’Israël se retournèrent contre ceux de Benjamin qui furent terrifiés, car ils virent le désastre fondre sur eux. 42 Ils s’enfuirent devant les hommes d’Israël en prenant le chemin du désert, mais l’armée d’Israël les serra de près tandis que les hommes qui avaient été en embuscade près des villes les prirent à revers et les massacrèrent à mi-chemin. 43 Les Israélites encerclèrent les Benjaminites, les pourchassèrent sans leur laisser de répit[ac] et les écrasèrent du côté est de Guibéa. 44 Ainsi périrent 18 000 hommes de Benjamin, tous hommes de guerre. 45 Les survivants s’enfuirent en direction du désert vers le rocher de Rimmôn[ad]. En chemin, 5 000 hommes furent tués, puis en les serrant de près jusqu’à Guideôm, les Israélites en abattirent encore 2 000 de plus. 46 Le total des Benjaminites tués ce jour-là fut donc de 25 000 soldats portant l’épée, tous des hommes de guerre. 47 Six cents hommes qui avaient tourné les talons et s’étaient enfuis au désert restèrent durant quatre mois sur le rocher de Rimmôn. 48 Entre-temps, les Israélites se tournèrent contre les Benjaminites et exterminèrent de ville en ville les hommes, les bêtes et tout ce qui leur tombait sous la main. Après quoi, ils mirent le feu à toutes les villes de la région.
La tribu de Benjamin rétablie
21 A Mitspa, les hommes avaient fait le serment qu’aucun d’entre eux ne donnerait sa fille en mariage à un Benjaminite. 2 Le peuple vint à Béthel[ae] et y resta assis jusqu’au soir devant Dieu. Ils se lamentèrent à haute voix et pleurèrent amèrement 3 en disant : Pourquoi, ô Eternel, Dieu d’Israël, ce malheur est-il arrivé en Israël ? Pourquoi une tribu d’Israël manque-t-elle aujourd’hui ?
4 Le lendemain, le peuple se leva de bonne heure et ils bâtirent là un autel. Ils y offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion. 5 Puis les Israélites se demandèrent les uns aux autres quel groupe, parmi toutes les tribus d’Israël, n’était pas venu à l’assemblée tenue devant l’Eternel. Car on s’était solennellement engagé par serment à mettre à mort quiconque ne viendrait pas à Mitspa devant l’Eternel. 6 Les Israélites furent pris de pitié pour les Benjaminites, leurs frères. Ils disaient : Aujourd’hui, une tribu a été retranchée d’Israël. 7 Que ferons-nous pour que les survivants d’entre eux aient des femmes ? Car nous avons juré par l’Eternel de ne pas leur donner nos filles en mariage.
8 C’est pourquoi ils demandaient : Quel est parmi les tribus d’Israël le groupe qui n’est pas venu devant l’Eternel à Mitspa ?
Ils découvrirent que personne de Yabesh en Galaad[af] n’était venu au camp et à l’assemblée.
9 En effet, lorsqu’on fit le recensement du peuple, on ne trouva aucun habitant de Yabesh en Galaad. 10 L’assemblée envoya contre eux douze mille soldats en leur donnant les ordres suivants : Allez massacrer tous les habitants de Yabesh en Galaad, y compris les femmes et les enfants. 11 Voilà comment vous procéderez : Vous tuerez tout homme et toute femme qui a déjà vécu avec un homme.
12 Ces soldats trouvèrent parmi les habitants de Yabesh en Galaad quatre cents jeunes filles vierges qui n’avaient pas été touchées par un homme. Ils les amenèrent au camp de Silo dans le pays de Canaan.
13 Toute l’assemblée envoya des messagers auprès des Benjaminites réfugiés au rocher de Rimmôn pour faire la paix avec eux. 14 Ceux-ci retournèrent aussitôt chez eux. On leur donna les filles qui avaient été épargnées à Yabesh en Galaad, mais il ne s’en trouva pas assez pour eux tous.
15 Le peuple était pris de pitié pour Benjamin, parce que l’Eternel avait creusé un vide parmi les tribus d’Israël. 16 Les responsables de l’assemblée dirent : Comment ferons-nous pour trouver des femmes à ceux qui restent encore, puisque celles de Benjamin ont été exterminées ? 17 Ils ajoutèrent : Il faut assurer une descendance aux rescapés de Benjamin, afin qu’une tribu ne disparaisse pas d’Israël. 18 Mais nous, nous ne pouvons pas leur donner nos filles en mariage, puisque nous avons juré : « Maudit soit celui qui donnera sa fille en mariage à un Benjaminite ! »
19 Ils dirent alors qu’on allait bientôt célébrer comme chaque année la fête de l’Eternel à Silo, située au nord de Béthel, à l’est de la route de Béthel à Sichem, et au sud de Lebona. 20 Alors ils ordonnèrent aux Benjaminites : Allez vous mettre en embuscade dans les vignes. 21 Lorsque vous verrez les filles de Silo sortir de la ville pour danser leurs rondes, vous surgirez des vignes, chacun de vous enlèvera une fille et l’emmènera dans le pays de Benjamin pour en faire sa femme. 22 Si leurs pères ou leurs frères viennent se plaindre à nous, nous leur répondrons : « Soyez compréhensifs envers eux, puisque nous n’avons pas pris une femme pour chacun d’eux lors de l’expédition contre Yabesh. D’ailleurs vous n’êtes pas coupables de parjure, puisque ce n’est pas vous qui les leur avez données. »
23 Les Benjaminites suivirent ce conseil, ils prirent le nombre de femmes voulues parmi les jeunes filles qui dansaient. Ils les enlevèrent et partirent avec elles dans leur territoire. Ils rebâtirent leurs villes et s’y établirent. 24 Les autres Israélites quittèrent ces lieux pour regagner leurs tribus et leurs familles ; de là, chacun rentra dans son territoire.
25 En ces temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qu’il jugeait bon.
La famille d’Elimélek en Moab
1 A l’époque où les chefs gouvernaient Israël, une famine survint dans le pays[ag]. Un homme de Bethléhem en Juda[ah] partit séjourner avec sa femme et ses deux fils dans la campagne du pays de Moab[ai]. 2 Cet homme s’appelait Elimélek, sa femme Noémi et ses deux fils Mahlôn et Kilyôn. Ils faisaient partie des Ephratiens[aj], de Bethléhem en Juda. Ils parvinrent en Moab, dans la campagne, et s’y établirent. 3 Elimélek, le mari de Noémi, mourut là et elle resta seule avec ses deux fils. 4 Ils épousèrent des femmes moabites, dont l’une s’appelait Orpa et l’autre Ruth. Ils demeurèrent là une dizaine d’années, 5 puis Mahlôn et Kilyôn moururent à leur tour, et Noémi resta seule, privée à la fois de ses deux fils et de son mari.
Noémi et Ruth à Bethléhem
6 Lorsqu’elle apprit que l’Eternel était intervenu en faveur de son peuple et qu’il lui avait donné de quoi se nourrir, Noémi se mit en route avec ses deux belles-filles pour rentrer du pays de Moab. 7 Elles quittèrent donc ensemble l’endroit où elles s’étaient établies et prirent le chemin du pays de Juda.
8 Alors Noémi dit à ses deux belles-filles : Allez et rentrez chacune dans la famille de votre mère[ak] ! Que l’Eternel soit bon pour vous, comme vous l’avez été pour ceux qui sont morts et pour moi-même. 9 Qu’il vous donne à chacune de trouver le bonheur dans un nouveau foyer.
Puis elle les embrassa pour prendre congé. Les deux jeunes femmes pleurèrent à gros sanglots 10 et lui dirent : Non ! nous t’accompagnerons dans ta patrie.
11 Noémi leur répondit : Retournez chez vous, mes filles ! Pourquoi viendriez-vous avec moi ? Je ne peux plus avoir des fils qui pourraient vous épouser[al]. 12 Retournez chez vous, mes filles, allez ! Je suis trop âgée pour me remarier. Et même si je disais : « J’ai de quoi espérer des enfants, je me donnerai à un mari cette nuit même et j’en aurai des fils, 13 attendriez-vous qu’ils aient grandi et renonceriez-vous pour cela à vous remarier ? Bien sûr que non, mes filles ! Je suis bien plus affligée que vous, car l’Eternel est intervenu contre moi. »
14 Alors les deux belles-filles se remirent à sangloter. Finalement, Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth resta avec elle.
15 Noémi lui dit : Regarde : ta belle-sœur est partie rejoindre son peuple et ses dieux, fais comme elle : retourne chez les tiens !
16 Mais Ruth lui répondit : N’insiste pas pour que je te quitte et que je me détourne de ta route ; partout où tu iras, j’irai ; où tu t’installeras, je m’installerai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. 17 Là où tu mourras, je mourrai aussi et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me punisse avec la plus grande sévérité, si autre chose que la mort me sépare de toi !
18 Devant une telle résolution à la suivre, Noémi cessa d’insister 19 et elles s’en allèrent toutes deux ensemble jusqu’à Bethléhem. Leur arrivée là-bas mit toute la localité en émoi.
– Est-ce bien là Noémi ? demandèrent les femmes.
20 Elle leur répondit : Ne m’appelez plus Noémi (L’heureuse), appelez-moi Mara (L’affligée), car le Tout-Puissant m’a beaucoup affligée. 21 Je suis partie d’ici comblée, et l’Eternel m’y fait revenir les mains vides. Alors pourquoi m’appeler encore Noémi quand l’Eternel s’est prononcé contre moi et que le Tout-Puissant m’a plongée dans l’affliction ?
22 C’est ainsi que Noémi et sa belle-fille, Ruth, la Moabite, revinrent des plaines de Moab. Lorsqu’elles arrivèrent à Bethléhem, c’était le début de la moisson de l’orge[am].
Ruth rencontre Booz
2 Noémi avait un parent du côté de son mari, un homme de valeur influent, de la famille d’Elimélek, nommé Booz.
2 Ruth la Moabite dit à Noémi : Permets-moi d’aller aux champs ramasser des épis laissés par les moissonneurs[an]. J’irai derrière celui qui m’accueillera aimablement.
Noémi lui répondit : Va ma fille.
3 Ruth partit donc et se mit à glaner dans les champs derrière les moissonneurs. Il arriva par hasard qu’elle se trouvait dans un champ appartenant à Booz, ce parent d’Elimélek. 4 Un peu plus tard, Booz lui-même vint de Bethléhem et salua les moissonneurs en leur disant : Que l’Eternel soit avec vous !
Ils lui répondirent : Que l’Eternel te bénisse !
5 Booz demanda au serviteur qui était responsable des moissonneurs : A qui est cette jeune femme ?
6 Le responsable des moissonneurs lui répondit : C’est la jeune Moabite qui est revenue avec Noémi des plaines de Moab. 7 Elle nous a demandé la permission de glaner les épis entre les gerbes derrière les moissonneurs. Elle est venue ce matin et, depuis, elle a été à pied d’œuvre jusqu’à maintenant et s’est à peine reposée un instant[ao].
8 Booz dit à Ruth : Ecoute bien, ma fille : Ne va pas glaner dans un autre champ ; reste ici et suis mes servantes ! 9 Regarde bien où mes hommes moissonneront et suis les femmes qui ramassent les épis. J’ai interdit à mes serviteurs de t’ennuyer. Et si tu as soif, va boire aux cruches qu’ils ont remplies.
10 Ruth s’inclina jusqu’à terre[ap], se prosterna et lui dit : Pourquoi m’accueilles-tu avec tant de faveur et t’intéresses-tu à moi qui ne suis qu’une étrangère[aq] ?
11 Booz lui répondit : On m’a bien raconté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari. Je sais que tu as quitté ton père et ta mère et ton pays natal pour venir vivre chez un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. 12 Que l’Eternel te récompense pour ce que tu as fait et que le Dieu d’Israël, sous la protection[ar] duquel tu es venue t’abriter, t’accorde une pleine récompense !
13 Ruth dit : Mon maître, tu m’accueilles avec tant de faveur que j’en suis réconfortée. Tes paroles me touchent, moi ta servante, bien que je ne sois pas même au rang de tes servantes.
14 A l’heure du repas, Booz lui dit : Approche-toi et viens prendre un morceau de pain. Trempe-le dans la vinaigrette[as] !
Alors elle s’assit à côté des moissonneurs, et Booz lui offrit des épis grillés[at]. Elle en mangea à satiété et garda le reste. 15 Quand elle retourna pour glaner, Booz ordonna à ses serviteurs : Permettez-lui aussi de glaner entre les gerbes sans la rabrouer ! 16 Laissez même tomber exprès pour elle quelques épis des javelles et abandonnez-les pour qu’elle puisse les ramasser ! Et ne lui faites pas de reproches !
17 Ainsi Ruth glana dans le champ jusqu’au soir, puis elle battit ce qu’elle avait ramassé[au]. Il y avait quarante litres d’orge[av]. 18 Elle l’emporta, rentra au village et montra à sa belle-mère ce qu’elle avait ramassé. Elle sortit aussi les épis qui restaient de son repas de midi après qu’elle se fut rassasiée et les lui donna.
Noémi reconnaît la main de Dieu
19 Sa belle-mère lui demanda : Mais où donc as-tu glané aujourd’hui ? Dans quel champ as-tu travaillé ? Que l’Eternel bénisse celui qui a eu pour toi tant d’attention[aw] !
Alors Ruth raconta à sa belle-mère chez qui elle avait travaillé et lui apprit qu’il s’appelait Booz.
20 Noémi dit à sa belle-fille : Que l’Eternel le bénisse ! L’Eternel n’a cessé d’être bon envers nous les vivants comme il l’a été envers ceux qui sont morts. Puis elle ajouta : Cet homme est notre proche parent, l’un de ceux qui ont le devoir de prendre soin de notre lignée[ax].
21 Alors Ruth la Moabite reprit : Il m’a même dit : « Reste avec mes serviteurs jusqu’à ce qu’ils aient fini toute ma moisson ! »
22 Noémi lui répondit : C’est bien, ma fille, continue d’aller avec ses servantes, ainsi tu ne risqueras pas de te faire maltraiter dans un autre champ.
23 Ruth resta donc avec les servantes de Booz pour glaner jusqu’à la fin de la moisson des orges, puis de celle des blés[ay]. Et elle habitait avec sa belle-mère.
La demande de Ruth
3 Noémi, la belle-mère de Ruth, lui dit un jour : Ma fille, je ne veux pas négliger de te chercher une situation qui te rende heureuse. 2 Tu sais que Booz, avec les servantes duquel tu as travaillé, est notre parent. Ce soir il doit vanner l’orge amassée dans l’aire. 3 Lave-toi donc et parfume-toi, puis mets tes plus beaux habits et rends-toi à l’aire où il bat son orge[az]. Mais ne fais pas connaître ta présence avant qu’il ait fini de manger et de boire. 4 Quand il se couchera pour dormir, note bien l’endroit où il s’installe, approche-toi, écarte la couverture pour lui découvrir les pieds et puis, couche-toi là. Il te dira alors ce que tu devras faire.
5 Ruth lui répondit : Je ferai tout ce que tu me dis.
6 Elle descendit dans l’aire et suivit toutes les instructions de sa belle-mère. 7 Booz mangea et but et il fut très content, puis il alla se coucher au bord du tas d’orge. Alors Ruth s’approcha tout doucement, elle écarta la couverture pour découvrir ses pieds et se coucha là. 8 Au milieu de la nuit, Booz eut un frisson, il se pencha en avant et s’aperçut qu’une femme était couchée à ses pieds.
9 – Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
– Je suis Ruth, ta servante. Veuille me prendre sous ta protection[ba] car, en tant que proche parent, tu es responsable de moi.
10 – Que l’Eternel te bénisse, ma fille, lui dit-il. Ce que tu viens de faire est une preuve d’amour envers ta belle-mère encore plus grande que ce que tu as déjà fait. En effet, tu aurais pu courir après les jeunes hommes, qu’ils soient pauvres ou riches. 11 Maintenant, ma fille, ne t’inquiète pas : je ferai pour toi tout ce que tu demandes, car tous les gens de l’endroit savent que tu es une femme de valeur. 12 Il est vrai que j’ai envers toi la responsabilité d’un proche parent, mais il existe un parent plus direct que moi. 13 Passe ici la fin de la nuit, et demain matin nous verrons si cet homme veut s’acquitter envers toi de sa responsabilité de proche parent. Si oui, qu’il le fasse. S’il refuse, je te promets, aussi vrai que l’Eternel est vivant[bb], que je m’en acquitterai envers toi. En attendant, reste couchée jusqu’au matin !
14 Elle resta couchée à ses pieds jusqu’au matin, puis elle se leva au petit jour avant que l’on puisse se reconnaître, car Booz avait dit : Il ne faut pas que l’on sache qu’une femme est venue sur l’aire. 15 Avant qu’elle parte, il lui dit : Donne la cape que tu portes, tiens-la bien !
Elle la tint ainsi, et il y versa vingt-cinq litres d’orge et l’aida à les charger sur elle, puis elle rentra à la ville[bc].
16 Quand elle arriva chez sa belle-mère, celle-ci lui demanda : Comment les choses se sont-elles passées, ma fille ?
Alors Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle. 17 Elle ajouta : Il m’a même donné ces vingt-cinq litres d’orge, car il m’a dit : « Tu ne retourneras pas les mains vides auprès de ta belle-mère. »
18 Noémi lui dit : Maintenant, ma fille, reste là jusqu’à ce que tu saches comment les choses tourneront, car cet homme ne se donnera aucun répit avant d’avoir réglé cette affaire aujourd’hui.
Le mariage de Ruth et de Booz
4 Booz se rendit à la porte de la ville, et il y prit place. Quand le plus proche parent, dont il avait parlé et qui avait le devoir de s’occuper de Ruth vint à passer, Booz lui dit : Un tel ! Viens donc t’asseoir ici !
L’homme s’approcha et s’assit. 2 Booz fit approcher dix hommes parmi les responsables de la ville et leur demanda de s’asseoir avec eux[bd]. Lorsqu’ils se furent installés, 3 il s’adressa ainsi au plus proche parent : Noémi, qui est revenue du pays de Moab, met en vente le champ d’Elimélek, notre parent. 4 J’ai pensé t’en informer et te proposer de le racheter par-devant les habitants de la ville et les responsables de mon peuple ici présents. Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le. Sinon, déclare-le-moi, que je le sache, car tu viens en premier lieu pour disposer du droit de rachat, et je viens directement après toi.
L’homme lui répondit : Oui, je veux le racheter.
5 Booz poursuivit : Si tu acquiers le champ de la main de Noémi, tu prendras pour femme Ruth[be] la Moabite, la veuve du défunt, pour donner au défunt une descendance qui héritera de son patrimoine.
6 – Dans ces conditions, dit le plus proche parent, je ne peux pas racheter pour mon compte, car je ferais tort à mon propre patrimoine. Reprends donc à ton compte mon droit de rachat, car je ne puis en profiter moi-même.
7 Autrefois, en Israël, lorsqu’on procédait à un rachat ou à un échange de biens, la coutume voulait que l’un des contractants ôte sa sandale et la donne à l’autre pour valider la transaction[bf]. 8 Ainsi, l’homme qui avait le droit de rachat dit à Booz : « Acquiers le champ », et il retira sa sandale[bg].
9 Alors Booz déclara aux responsables et à tous ceux qui étaient là : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélek et tout ce qui était à Kilyôn et à Mahlôn. 10 De ce fait, je prends aussi pour femme Ruth la Moabite, la veuve de Mahlôn, pour susciter au défunt une descendance qui recevra son héritage et pour que son nom ne disparaisse pas dans son lignage et dans sa ville natale. Vous en êtes témoins aujourd’hui.
11 Alors tous ceux qui se trouvaient à la porte et tous les responsables dirent : Oui : nous en sommes témoins ! Que l’Eternel rende la femme qui entre dans ta famille semblable à Rachel et à Léa[bh] qui, à elles deux, ont donné naissance à tout le peuple d’Israël ! Puisses-tu toi-même prospérer à Ephrata et devenir célèbre à Bethléhem ! 12 Que l’Eternel t’accorde, par cette jeune femme, une descendance aussi nombreuse que celle de Pérets, le fils que Tamar a donné à Juda[bi].
Un petit-fils pour Noémi
13 C’est ainsi que Booz prit Ruth pour femme.
Lorsqu’il se fut uni à elle, l’Eternel accorda à Ruth de devenir enceinte, et elle donna naissance à un fils. 14 Les femmes de Bethléhem dirent à Noémi : Béni soit l’Eternel qui ne t’a pas privée d’un soutien de famille ! Que son nom devienne célèbre en Israël ! 15 Il te rendra une raison de vivre et prendra soin de toi dans tes vieux jours, puisque c’est ta belle-fille qui t’aime qui t’a donné ce petit-fils. Elle vaut mieux pour toi que sept fils.
16 Noémi prit le nouveau-né et le serra sur son cœur. C’est elle qui se chargea de l’élever. 17 Les voisines s’écrièrent : Noémi a eu un fils !
Et elles lui donnèrent le nom d’Obed.
Obed fut le père d’Isaï et le grand-père de David.
La liste généalogique de Pérets
18 Voici la liste généalogique de Pérets : Pérets eut pour fils Hetsrôn, 19 qui eut pour fils Ram, qui eut pour fils Amminadab, 20 qui eut pour fils Nahshôn, qui eut pour fils Salma[bj], 21 qui eut pour fils Booz, qui eut pour fils Obed, 22 qui eut pour fils Isaï, qui eut pour fils David.
La fin de l’époque des chefs
Anne et Peninna
1 Un homme nommé Elqana[bk] vivait à Ramataïm-Tsophim[bl], dans la région montagneuse d’Ephraïm ; il était fils de Yeroham et petit-fils d’Elihou, de la famille de Tohou, descendant de Tsouph, un Ephraïmite[bm]. 2 Il avait épousé deux femmes : l’une s’appelait Anne et l’autre Peninna. Peninna avait des enfants, mais Anne n’en avait pas. 3 Chaque année, Elqana se rendait de sa ville à Silo[bn] pour y adorer l’Eternel, le Seigneur des armées célestes, et pour lui offrir des sacrifices. Les deux fils d’Eli, Hophni et Phinéas, y officiaient comme prêtres de l’Eternel. 4 Le jour où Elqana offrait son sacrifice, il attribuait des parts de viande à sa femme Peninna et à tous ses enfants, 5 et il donnait une double part à Anne parce qu’il l’aimait, bien que le Seigneur l’ait empêchée d’avoir des enfants. 6 Sa rivale ne cessait de la vexer pour l’irriter contre Dieu de ce qu’il l’ait rendue stérile. 7 Cela se reproduisait chaque année : toutes les fois qu’Anne se rendait au sanctuaire de l’Eternel, Peninna l’exaspérait. Alors Anne pleurait et restait sans manger. 8 Elqana lui demandait : Anne, pourquoi pleures-tu ? Pourquoi restes-tu sans manger ? Pourquoi es-tu si malheureuse ? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ?
La prière d’Anne
9 Cette fois-ci, après qu’on eut mangé et bu à Silo, Anne se leva et se rendit au sanctuaire de l’Eternel. Le prêtre Eli y était assis sur son siège près de la porte. 10 Très affligée, Anne pria l’Eternel en pleurant à chaudes larmes. 11 Alors elle fit le vœu suivant : Eternel, Seigneur des armées célestes, si tu veux bien considérer la misère de ta servante et si tu interviens en ma faveur, si tu ne délaisses pas ta servante et si tu me donnes un fils, alors je te le consacrerai pour toute sa vie ; ses cheveux et sa barbe ne seront jamais coupés[bo].
12 Comme elle priait longuement devant l’Eternel, Eli observait le mouvement de ses lèvres. 13 Anne priait intérieurement : ses lèvres bougeaient, mais on n’entendait pas sa voix. Eli pensa qu’elle était ivre 14 et il l’interpella : Combien de temps encore veux-tu étaler ton ivresse ? Va cuver ton vin ailleurs !
15 Anne lui répondit : Non, monseigneur, je ne suis pas ivre, je n’ai bu ni vin ni boisson alcoolisée, mais je suis très malheureuse et j’épanchais mon cœur devant l’Eternel. 16 Ne me juge pas mal et ne me considère pas comme une femme perverse. Si j’ai prié aussi longtemps, c’est parce que mon cœur débordait de chagrin et de douleur.
17 – Dans ce cas, lui dit Eli, va en paix, et que le Dieu d’Israël exauce la requête que tu lui as adressée.
18 Anne répondit : Je me recommande à ta bienveillance.
Puis elle s’en alla, se restaura et son visage fut différent.
19 Le lendemain, de bon matin, Elqana et sa famille se prosternèrent devant l’Eternel, puis ils rentrèrent chez eux à Rama. Elqana s’unit à Anne, sa femme, et l’Eternel intervint en sa faveur. 20 Elle fut enceinte et, au terme de sa grossesse, elle mit au monde un garçon auquel elle donna le nom de Samuel (Dieu a entendu) car, dit-elle, « je l’ai demandé à l’Eternel[bp] ».
Anne consacre son enfant à Dieu
21 L’année suivante, Elqana se rendit de nouveau à Silo avec toute sa famille pour offrir à l’Eternel le sacrifice annuel et pour accomplir le vœu qu’il avait fait. 22 Mais Anne ne l’accompagna pas. Elle dit en effet à son mari : J’attends que l’enfant soit sevré[bq], alors je l’emmènerai à Silo pour le présenter à l’Eternel et il restera là-bas pour toujours.
23 Son mari lui dit : Fais comme tu le juges bon et attends de l’avoir sevré. Que la promesse de l’Eternel se réalise.
Anne resta donc à la maison pour allaiter son enfant jusqu’à ce qu’il soit sevré.
24 A ce moment-là, elle l’emmena avec elle au sanctuaire de l’Eternel à Silo, en apportant un taureau de trois ans[br], dix kilogrammes de farine et une outre de vin. Le garçon était encore tout jeune. 25 Ils offrirent le taureau en sacrifice et présentèrent l’enfant à Eli. 26 Anne lui dit : Excuse-moi, monseigneur, aussi vrai que tu vis, monseigneur, je suis cette femme qui se tenait près de toi, ici même, pour prier l’Eternel. 27 C’était pour obtenir cet enfant que je priais, et l’Eternel m’a accordé ce que je lui demandais. 28 A mon tour, je veux le consacrer à l’Eternel : pour toute sa vie, il lui sera consacré.
Là-dessus, ils se prosternèrent[bs] là devant l’Eternel.
Le cantique d’Anne
2 Alors Anne prononça cette prière[bt] :
La joie remplit mon cœur, |c’est grâce à l’Eternel ;
oui, grâce à l’Eternel, |mon front s’est relevé
et j’ai de quoi répondre |à ceux qui me blessaient.
Oui, je jubile, |car Dieu m’a secourue.
2 Nul ne l’égale. |L’Eternel seul est saint,
et, à part lui, |il n’y a pas de Dieu,
pas de rocher |semblable à notre Dieu.
3 Que cessent donc, |vos paroles hautaines
et les bravades |sortant de votre bouche !
Car l’Eternel |est un Dieu qui sait tout,
c’est lui qui pèse |les actes des humains.
4 Voilà brisé |l’arc des guerriers !
Ceux qui chancellent |sont armés de vigueur.
5 Tous les repus |s’embauchent pour du pain,
les affamés |seront comblés de biens
et la stérile |met sept enfants au monde,
alors que celle |qui en avait beaucoup |sera flétrie.
6 C’est l’Eternel |qui fait mourir et vivre,
il fait descendre |dans le séjour des morts |et en fait remonter.
7 L’Eternel seul |dépouille et enrichit,
il humilie, |et il élève aussi.
8 De la poussière, |il arrache le pauvre,
et il relève |l’indigent de la fange
pour l’installer |au milieu des puissants
et lui donner |une place d’honneur.
A l’Eternel |sont les fondements de la terre,
et c’est sur eux |qu’il a posé le monde.
9 Il gardera les pas |de ceux qui lui sont attachés,
mais les méchants |périront dans la nuit,
car aucun homme |n’est vainqueur par la force.
10 Ceux qui contestent |contre Dieu sont brisés.
Du haut du ciel, |il tonnera contre eux.
Il jugera |les confins de la terre ;
il donnera |la puissance à son roi
et il élèvera |l’homme qui, de sa part, |a reçu l’onction d’huile.
11 Après cela, Elqana retourna chez lui à Rama, et le jeune garçon fut au service de l’Eternel auprès du prêtre Eli.
Des prêtres corrompus
12 Les fils d’Eli étaient des vauriens qui ne se souciaient pas de l’Eternel. 13 En effet, voici comment ils agissaient à l’égard du peuple. Chaque fois que quelqu’un offrait un sacrifice, au moment où la viande cuisait, un de leurs serviteurs arrivait, une fourchette à trois dents à la main. 14 Il piquait dans la casserole, la marmite, le chaudron ou le pot, et prenait pour le prêtre tout ce que la fourchette ramenait. C’est ainsi qu’ils procédaient envers tous les Israélites qui venaient à Silo. 15 Et même parfois, avant que l’on fasse brûler la graisse[bu], le serviteur du prêtre arrivait et disait à l’homme qui offrait le sacrifice : Donne-moi de la viande à rôtir pour le prêtre, car il n’acceptera de toi que de la viande crue, il ne veut pas de viande cuite.
16 Si l’offrant objectait : « Il faut d’abord brûler la graisse, ensuite tu pourras prendre ce que tu voudras », le serviteur lui répondait : Tu m’en donnes immédiatement, sinon j’en prends de force.
17 Le péché de ces jeunes gens était très grave aux yeux de l’Eternel, car ils profanaient les offrandes faites à l’Eternel.
Samuel et ses parents
18 Mais Samuel accomplissait son service en présence de l’Eternel. Ce jeune garçon était vêtu d’un vêtement de lin semblable à ceux des prêtres. 19 Chaque année, sa mère lui confectionnait un petit vêtement qu’elle lui apportait quand elle venait avec son mari offrir le sacrifice annuel. 20 Eli bénit Elqana et sa femme en disant : Que l’Eternel t’accorde d’autres enfants de cette femme pour remplacer celui qu’elle a consacré à l’Eternel !
Puis ils repartirent chez eux. 21 L’Eternel intervint en faveur d’Anne : elle fut plusieurs fois enceinte et mit au monde trois fils et deux filles, tandis que le jeune Samuel grandissait dans la présence de l’Eternel.
Eli et ses fils
22 Eli était très âgé. Il entendait dire comment ses fils agissaient envers les Israélites, et même qu’ils couchaient avec les femmes qui se rassemblaient à l’entrée de la tente de la Rencontre. 23 Il leur dit : Pourquoi agissez-vous ainsi ? J’apprends de tout le peuple votre mauvaise conduite. 24 Cessez donc, mes fils, car ce que j’entends raconter n’est pas beau. Vous détournez de la bonne voie le peuple de l’Eternel. 25 Si un homme pèche contre un autre, Dieu est là pour arbitrer, mais si quelqu’un pèche contre l’Eternel lui-même, qui interviendra en sa faveur ?
Mais les fils ne tinrent aucun compte de l’avertissement de leur père, car l’Eternel voulait les faire mourir.
26 Le jeune Samuel continuait à croître et il gagnait de plus en plus la faveur de Dieu et celle des hommes.
L’Eternel annonce le châtiment à Eli
27 Un jour, un homme de Dieu[bv] vint trouver Eli et lui dit : Voici ce que déclare l’Eternel : « Est-ce que je ne me suis pas clairement fait connaître à tes ancêtres et à leur famille quand ils vivaient encore en Egypte, esclaves du pharaon ? 28 Je les ai choisis parmi toutes les tribus d’Israël pour qu’ils exercent le sacerdoce pour moi en offrant les sacrifices sur mon autel, en brûlant l’encens, et pour qu’ils portent le vêtement sacerdotal devant moi. Je leur ai attribué une part de viande de tous les sacrifices consumés par le feu offerts par les Israélites[bw]. 29 Pourquoi donc méprisez-vous les sacrifices et les offrandes qui me sont destinés et que j’ai ordonné d’offrir dans ma demeure ? Pourquoi honores-tu tes fils plus que moi en vous engraissant des meilleurs morceaux des sacrifices que mon peuple Israël vient m’offrir ? »
La Bible Du Semeur (The Bible of the Sower) Copyright © 1992, 1999 by Biblica, Inc.®
Used by permission. All rights reserved worldwide.